ou le ciné m'a tuer

La bataille avait été rude et il fallait déjà repartir. Merrill inspectait ses maraudeurs. On était chez Fuller, avec ses Merrill's Marauders. Le général Merrill mâchouillait sa pipe mal embouchée, toujours à la recherche du prochain pas. Il passait en revue ses hommes épuisés. L'un agonisait, délirait. "Est-ce que Lemtchek s'en est tiré ? Je l'ai vu tomber. Est-ce que Lemtchek s'en est tiré ?", expirait-il en agrippant le bras du général, les yeux fous. Et il est mort. "Est-ce que Lemtchek s'en est tiré ?" demanda le général. "C'était lui Lemtchek", lui répondit un de ses camarades.
Remplacer Lemtchek par cinéma.



22 décembre 2010

R(IP)ollin

Jean Rollin est mort. Il est temps de sortir le ripolin. Mettre les pendules à l'heure de ses horloges et passer la couche de vernis sur sa dernière comtoise, celle qui sent le sapin. On a pu le rencontrer à Toulouse, à deux reprises grâce à la Cinémathèque et son Extrême Cinéma. Une sorte de dandy popu, érudit et plébéien, un érudit de culture populaire. Un personnage comme hors du temps, d'où peut-être son obsession pour les horloges. Rollin était un hors-temps, un Horla temporel. Un anachronisme. Il faisait du cinéma comme d'avant la naissance du cinéma. Il faisait du cinéma comme le 19e siècle pouvait écrire le romantisme. Rollin, c'était un peu le Barbey d'Aurevilly du cinéma. C'est ce qui donne ce côté un peu désuet à ses films, c'est ce qui fait que son nom continuera de hanter le cinéma français. Son dernier film, du moins la première mouture que l'on avait pu voir à Extrême Cinéma il y a deux ans, tenait quelque chose de rohmerien. Et je suis depuis persuadé que Rollin était le Rohmer du cinéma d'épouvante français.

15 décembre 2010

No Reason

Non, Lemtchek ne s'est pas défenestré à la suite de Mario Monicelli. Il aurait pu ceci dit : il s'est rendu à Utopia voir Rubber. Non pas que le film de Dupieux vaille l'envie de crever, mais Utopia reste le temple du cinéma, la chapelle des poncifs sur le cinéma, et sa gazette, le missel mal inspiré d'un fossoyeur qui s'ignore. De quoi se foutre en l'air avant l'heure. Pénétrer tel mausolée au sortir d'Extrême Cinéma, c'est risquer de se retrouver le suicide accroché à la boutonnière, un badge « garanti sans 3D » épinglé comme une médaille poignarde le troufion qui cherchait juste à survivre, ou une fiente d'angelot tombée d'on ne sait quel ciel ; ce qui revient au même. Mais non ; Lemtchek se demandait seulement si la plaque minéralogique qui tombe de l'estomac éventré du premier gros requin dans Les Dents de la mer pouvait être une de celles qui ornent la carlingue du camion de Duel. On sait que Jaws est exactement bâti sur le même principe que Duel, l'ossature de Duel habillée, mise en chair, étoffée... D'où la plaque d'immatriculation dans le ventre du squale : Jaws = Duel ingurgité par une production plus conventionnelle. Mais ce n'est pas la métaphore que cherche Lemtchek. Non il se demande réellement si Spielberg n'a pas fourré dans son requin une plaque trophée utilisée pour le camionotaure de son Duel, comme une private joke ou un clin d'œil intime et personnel que lui seul saurait. Cela n'a aucune importance, no reason, comme dit le prologue de Rubber. No reason. C'est pourquoi c'est obsédant.

30 novembre 2010

... il est là.



Extrême Cinéma.
12e édition.
Inferno.
A la Cinémathèque de Toulouse.

28 novembre 2010

27 novembre 2010

19 novembre 2010

Toro Toro Toro

Il est énorme. D'un noir graisseux. Fumant, gouttant, fulminant, Minotaure d'acier levant la poussière d'un désert de feu. Le camion citerne de Duel est un macguffin, comme le grand requin blanc, l'arche perdue, etc. On s'en fout de ce qu'il est vraiment, qu'il ait un chauffeur ou pas ; comme le macguffin hitchcockien, il est là pour faire avancer l'histoire. À cela près que d'habitude, chez Hitchcock comme Spielberg, ce sont les personnages qui se lancent à la recherche du macguffin. Ici, c'est le macguffin qui cherche le personnage. Homme, homme, homme... C'est le macguffin taureau mécanique qui vient agiter la muleta de l'homme. Homme, homme, homme... olé ! Parce que Duel est une corrida. Une corrida inversée. Jusqu'au final, jusqu'à ce que l'homme se décide à jouer son rôle et, dans le dernier face à face, lance sa voiture rouge comme le matador sa muleta pour leurrer l'animal. Mise à mort. C'est dans la mort du camionotaure que l'homme naît. Il s'appelait Mann. Un nom prédestiné.

18 novembre 2010

Champ de bataille...

... , c'est comme un champ de bataille : l'amour, la haine, la violence, l'action, la mort... En un mot l'émotion.


12 novembre 2010

Post cinéma

Un garçon et une fille. Presque encore tout boutonneux. Ils sont en train de discuter dans un bar. Leur voix se coupent, s'entremêlent. Ça fuse. Ça débite. Et ils finissent par ne plus se comprendre ; entre temps de retard et malentendu. Parti de rien, c'est le début de tout. Tu comprends que c'est une scène de rupture. C'est la scène d'exposition. Ça fuse. Ça débite. Et tu penses à une screwball comedy. C'est un tchat transposé à l'oral, des personnages qui parlent comme ils tapent sur un clavier. C'est du post cinéma. Pas le post cinéma qui viendrait après le classique. Du post cinéma comme on poste un message sur internet, sur un blog ou sur Facebook. C'est la scène d'ouverture et Fincher tournera et montera tout le reste du film de la sorte. Un film où les scènes s'enchaînent et se répondent comme les posts d'un compte Facebook. 
The Social Network : le film web 2.0 ? En tout cas un film qui l'intègre directement dans sa mise en scène. C'est d'ailleurs le seul intérêt de la chose. Il y a bien, pour ceux qui en manquent, la raison sociale. La solitude du génie qui a réinventé les réseaux sociaux, mégalo, misogyne, misanthrope. On s'en branle. Il y a les Castor et Pollux de l'ancien temps de la finance, d'un monde des affaires révolu. Les fils à papa, cigares et guêtres, qui se font niquer par un sans famille (on ne voit jamais sa famille), sweat shirt à capuche et claquettes. Le nouveau pouvoir. Le geek power. Il y a aussi le côté nouveau du film de procès. Qui n'est plus du film de procès, parce qu'il n'y a plus de procès, mais des négociations autour d'une table avec des avocats comme des pions dans une cours de récréation, surveillant et réglant un jeu d'enfants. Il doit bien y avoir d'autres éléments du genre, à jouer les reflets de société. Mais à défaut de complètement ennuyer, cela laisse indifférent. On s'en branle du type qui a inventé Facebook et comment pourquoi. On regarde un film comme on surfe sur internet. On nous montre un film comme un mur (de Facebook) : fait de séquences-posts, artificiel, personnel et commun, superficiel comme la peau d'un caméléon. Un film qui a complètement pris la forme de son sujet. Est-ce suffisant pour en faire un bon film ? Je n'en suis pas sûr.

29 octobre 2010

Beurre de cacachouette


Je regarde Kurt Russell jouer Elvis et je vois l'acteur que le King n'a jamais été. Non pas que Kurt soit le king plus vrai que nature, mais parce que ses qualités de jeu rappellent les défauts de celui d'Elvis. Presley était une bête de scène, le roi sur scène. Il paraît toujours emprunté quand il joue une scène. Pataud comme un chiot de cirque à qui l'on vient d'apprendre un tour. Le seul défaut de Kurt, c'est de ne pas jouer cette maladresse qui tient de l'embarras devant la caméra. Russell a enfilé le costume de scène du King, sa gestuelle, son dynamisme, son assurance. Le King de cinéma que l'on connaît est fragile, incertain, craintif. Le chanteur ou le chanteur à qui l'on demande de faire l'acteur ? Lequel des deux pour incarner véritablement le King au cinéma ?

27 octobre 2010

Quand la merde

Je n'arrête pas de tourner autour du pot au Ford mais n'arrive pas à écrire ce que je ne sais pas vouloir écrire. Résultat :

21 octobre 2010

Quand la naissance...

Thursday ce héros. Héros de journalistes. Héros d'une histoire à fantasmer. Son portrait dans la pièce, le tableau représentant sa charge héroïque à Washington : la naissance d'une image de la nation. Une création. Une légende. Cette légende, Ford la dépouille tout le long de son film, ne laissant à l'histoire que l'image d'un officier de salon engoncé dans son incompétence, à cheval sur le règlement, cabré d'arrogance. Le véritable héros de Ford, le héros fordien, c'est John Wayne, l'officier en second, celui qui connaît le terrain, les hommes du fort et les Indiens. Le véritable héros de Ford, le héros fordien, c'est celui qui s'efface devant la légende. C'est le colonel York ici dans Fort Apache, c'est Tom Doniphon dans L'Homme qui tua Liberty Valance. C'est John Wayne dans les deux cas, à presque 15 ans d'écart, dans deux fins très proches. Un homme qui permet la légende, prêt à sacrifier la vérité, du moment qu'elle participe au développement d'un idéal auquel il croit. Ce n'est plus simplement qu'il faille imprimer la légende parce qu'elle serait devenue réalité. C'est imprimer la légende pour qu'elle devienne réalité. Qu'elle soit moteur d'un idéal : Thursday pour la naissance d'une nation, Ransom Stoddard pour la naissance d'une nation civilisée.

19 octobre 2010

Quand le massacre...

Les journalistes sont assis dans son bureau et finissent de prendre notes et thé. Lui, a terminé son topo, leur disant que pour du sensationnel il leur faudra attendre. C'est alors que l'un d'eux se lèvent, tandis que la caméra caresse un tableau représentant Thursday comme on dit brosser un portrait, et caresse le bout du sabre relique comme de Linda Lovelace on attend qu'elle taille une pipe. C'était un grand homme. Il est un héros pour nous. Vous avez vu le tableau de sa charge ?... John Wayne évoque alors cet exemple pour tous qui a su mener ses hommes à la mort et la gloire. Le colonel Thursday, fou militaire ne pensant que discipline et règlement. Officier de cavalerie frustré d'avoir été envoyé dans le désert et bien décidé à revenir à Washington auréolé de gloire. Quitte pour cela à trahir sa parole et provoquer une bataille contre des Apaches convaincus de parlementer. Un type droit dans ses bottes et ses préjugés, raciste envers les Indiens bien sûr, envers les Irlandais de ses hommes aussi. Un héros. Le héros. Thursday, sous les traits de Fonda, c'est Custer, on le sait déjà. Sa gloire c'est Little Big Horn, la défaite militaire ici d'un entêté qui mène ses hommes à la mort pour son seul rêve de gloire, même quand il sent que ce rêve va tourner au cauchemar, au massacre. Un héros. Le héros des guerres indiennes.  John Wayne évoque alors cet exemple pour tous qui a su mener ses hommes à la mort et la gloire. Il contribue et abonde dans le sens d'une légende à laquelle il s'est opposé tout le long du film. Il occupe désormais son bureau, son portrait au mur, et a repris jusqu'à ses attributs (la casquette règlementaire, la tenue de l'uniforme) et ses expressions (« questions gentlemen ? »). Quand la légende...

13 octobre 2010

Bataille des Dardenne

Si le cinéma des Dardenne tient de la boxe, des combats dans un espace délimité, Rosetta est un film de cogneur, Le Fils, lui, adopte le style Muhammad Ali : fausse garde et allonge inattendue, maîtrise de la distance. « Deux corps séparés par quelque chose qu'on ignore. Deux corps attirés par quelque chose qu'on ignore. Des gestes, des mots, des regards qui ne cessent de mesurer la distance qui les sépare en même temps que la puissance qui les rapproche. C'est cela qu'il faudra tenter de mesurer avec notre caméra » notait Luc. La caméra est braquée sur la nuque d'un homme ceinturé. Comme un couperet. La distance entre une caméra couperet et l'homme qui a la tête dans le trou. « Essayez de concevoir, la seconde, que dis-je, le quart de seconde pendant lequel le criminel entend glisser le couperet qui doit le décapiter », écrivait Dostoïevski dans L'Idiot. Ce quart de seconde, le fils le suspend. Ce quart de seconde Le Fils l'étire. Ce quart de seconde est une vie.
Sinon, Jean-Paul me racontait hier un sketch de Collaro du début des années 80 que mon rêve de lait caillé lui avait rappelé. Dans l'entrée d'un cinéma un homme ouvre des huîtres. Je suis l'écailler du cinéma. 

12 octobre 2010

Manifestatation

Ils reviennent. Et ils n'ont toujours pas droit à la retraite

8 octobre 2010

1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9...

Ça claque. Blouse blanche. Bonnet hygiénique. Elle descend les escaliers, remontée. On est derrière, juste derrière. Bientôt on sortira du couloir, et ce sera le ring. On est derrière. Au niveau de la nuque. En position de prédateur. On croit la suivre. En réalité elle nous précède. Les branches qu'elle écarte pour forcer le passage nous reviennent dans la figure. Les portes claquent. Elles nous claquent à la gueule. Qui a dit que Rosetta était un film social ? C'est un film de boxe à main nue. L'histoire d'une lutteuse qui refuse de se coucher. Alors elle serre les poings et encaisse les rounds, rend coup pour coup, autant qu'elle peut, laisse échapper quelques coups bas. On voudrait être arbitre, simple spectateur. On est adversaire. Rosetta ne fait pas de distinction. On ne lui en compte pas. Elle ne veut pas perdre, refuse le KO. Point. L'expression « caméra au poing » n'a jamais été aussi juste. Direct au foie. Souffle coupé. Envie de vomir. La vue tangue. On est sonné. Mais nous non plus on ne veut pas être conté. Nous aussi on veut tenir debout. Est-ce que c'est ça, survivre au cinéma ?

6 octobre 2010

Amuse-toi avec Sarkozy

Les amis Play-listers ont lancé un défi à Lemtchek qu'ils ont eux-mêmes relevé de j'sais pas qui. Donner cinq raisons pour lesquelles Sarkozy ne serait pas réélu en 2012. Quand il ne se meurt pas Lemtcheck aime s'amuser. Aussi, voici ses réponses toutes faites. Mais comme il aime pas les gens, qu'il n'a pas d'ami et qu'il s'agit d'une chaîne, il la rompt.
Sarkozy ne sera pas élu en 2012 parce que :

1 - Effet miroir, un Sarkozy Nicolas se présentera contre Nicolas Sarkozy :



2 - Sa carte d'identité a expiré et il n'a pu justifier de sa nationalité aux autorités compétentes :


3 - John Cleese a refusé de devenir son conseiller ès insulte :


4 - Effet de miroir, il a fini par trop y penser en se rasant :


5 - Mais de toute façon, il sera réélu. Il a subi une opération de changement de sexe pour être la première femme élue présidente de la République Française :

5 octobre 2010

Champ de bataille

... , c'est comme un champ de bataille : l'amour, la haine, la violence, l'action, la mort... En un mot l'émotion.

1 octobre 2010

Oncle Donald

C'était l'été. C'était les vacances. Je lisais Un mal sans remède d'Antonio Caballero pendant que Chérie se bidonnait à la lecture de Dégât des eaux. Un Westlake de la série des Dortmunder. Sur le sable, au pieu, à table, à l'apéro, sous la douche, dans la cuisine, elle gloussait. C'est trop fort, c'est trop con, c'est..., non je te raconte pas, il faut que tu le lises, il y a un film tout fait là-dedans, ils sont vraiment trop forts, ils sont vraiment trop cons... Je me suis empressé de terminer mon mal colombien, ai troqué ma moustache de guérillero contre celle de Mario, et me suis lancé dans la plomberie. Alors, alors ?... C'est clair que l'on a là la matière à un film des frères Coen. Il nous fallait des interprètes et on s'est mis au boulot. On s'est bien battu, on s'est bien marré.

Casting :
 John Dortmunder : John Goodman ou Kurt Russell
Kelp : Steve Buscemi ou Travolta 
 May : Frances McDormand
Tom : Clint Eastwood
Stan : Nicolas Cage
Doug : Owen Wilson
Wally : Jack Black 
Mère de Stan : Gena Rowlands 
Myrtle : Christina Ricci
Mère de Myrtle : Miranda Richardson 

30 septembre 2010

Film PO Film OP

Vu, donc, Oncle Boonmee. Film PO. Film POPO. Film OP. 
 
Film PO. Poétique. Les longs plans plein de vide, le son de la forêt, des images de mystère. Quelque chose d'animiste. Bouddhisme, dirait-on ici, rapport au sujet. Mais je préfère animiste, qui croit à, qui prête une âme à, qui donne une âme au cinéma. Âme et mouvement. Film beau et simple. Pas simplement beau. Beau dans la simplicité. Le plan de cette femme de dos, qui brasse l'air d'une sorte de raquette électrifiée pour tuer des moustiques. Et scratch, scratch, font les insectes ponctuant le silence de ce curieux ballet. La scène de sexe immamurienne, dans le fracas d'une cascade, entre la princesse et le poisson chat qui parle. Les singes fantômes qui trouent la nuit sylvestre de leurs yeux rouge laser. La mort cosmogonique d'oncle Boonmee. Ou la fin et le dédoublement...

Film PO. Politique. La Thailande, la junte militaire, les chemises rouges. La mort de l'oncle et le passage vers un autre temps. Des photos de Boonmee devenu singe fantôme. Des photos du singe fantôme avec des militaires. Singe fantôme marchant une corde au cou tenue par un homme en treillis. Singe fantôme posant pour une photo de groupe tout sourire avec des hommes en treillis et armes. Des militaires quadrillant la campagne. Mais des photos surtout, comme rompant le cours millénaire du temps, figeant le mouvement perpétuel de la nature. Métaphore politique d'un régime qui fige le cours de l'histoire et de la vie ou album photo d'un mourant qui regrette d'avoir tué du rouge, tant, trop de rouges. Métaphore politique aussi, dans le final, quand Jen et le moine se dédoublent pour aller manger dehors alors qu'ils laissent leurs doubles devant la télé d'une chambre d'hôtel, comme si la vie était ailleurs. Comme si la société thaïlandaise actuelle tenait de l'illusion (le moine qui a peur de dormir seul au temple et finit par s'habiller en civil).

Film OP. Opiacé. Pas soporifique. Comme une boule d'opium anesthésie les sens pour ouvrir l'esprit à une autre sensibilité, un autre rapport au temps. Dilué ou étiré. Une autre temporalité. Un autre tempo. J'arrive au cinéma tout juste à l'heure, dans l'urgence, dans la vitesse. Le film commence dans le noir, dans le prolongement du noir de la salle, dans le noir du temps. Je suis encore dans le contre la montre, mon corps, mon esprit, dans la poursuite de l'horaire. Crash test. Crash time. Je me prends les premières minutes du film comme un mur. Je m'assoupis. Je lutte. Je m'endors une minute ou deux. Je me suis assoupli. Il m'inhale. Il y a une expression à la con qui dit à propos d'un film ou d'un livre « je suis ou je ne suis pas rentré dedans ». Il n'est pas question d'entrer ou pas dans Oncle Boonmee, c'est lui qui vous prend. Il est de ces films qui vous aspire et vous inspire. J'ai mis le triple de temps pour rentrer chez moi que pour en venir.

29 septembre 2010

Manière de marcher 2

Façon rock’n roll. Désarticulée. Pour rejoindre J. Wayne quand on a un bassin de gringalet. Déambuler. Errance dans un décor délabré, labyrinthe abandonné. Le cinéma ? Un tempo plutôt qu’une chronologie. Ne pas marcher vers (un but). Bouger dans (sans but). Fuir en avant, innocent et sauvage. Alors on croit que tu marches à la dérive ; tu dévies la marche. Alors il ne s’agit plus de marcher comme J. Wayne, mais de le voir marcher et y croire (à la vie).


28 septembre 2010

Manière de marcher

Le cinéma ? Une manière de bouger. Poses. Tu fumes comme Bogart ou comme James Dean. Moi je voulais marcher comme John Wayne. J’étais gamin, j’y croyais (au cinéma). Comment tu marches aujourd’hui ? Walker, lui, marche avec l’assurance de ceux qui reviennent de la mort, impassible. Droit au but. Tout droit.

23 septembre 2010

Manifeste

 
Lemtchek rejoint les camarades playlisters

21 septembre 2010

Ver de rêve

Je voulais parler ce matin de l'oncle de Thaïlande, de l'Apichatpong que j'ai vu hier. Mais j'ai fait cette nuit un rêve étrange qu'il me faut consigner tout de suite. Nous cherchions un restaurant avec Chérie et finissions par en trouver un dans une sorte de golf à la ferme, délabré. Le décor extérieur était en ruine mais le restaurant restait extrêmement chic. Nous nous renseignions au comptoir. Etait-il encore possible de manger ? (il était tard dans l'après-midi). Mais bien-sûr nous répondait la serveuse, tout sourire et nous proposant en guise d'amuse-gueule, une tartine d'une matière qui ressemblait à du saindoux. Positif ou Les Cahiers ? nous demandait-elle, une grande cuillère dégoulinante en suspension, nous donnant le choix entre deux pâtes à tartiner. Positif, répondit Chérie sans hésiter. Quant à moi, j'hésitais. Les Cahiers ou Positif ? Positif ou Les Cahiers ? Les Cahiers ! finis-je par m'écrier, alors que le patron sortait de sa cuisine. Les Cahiers, pour le jaune de leurs vertes années. Et nous allions nous attabler. C'est alors que je compris que la serveuse ne parlait pas des Cahiers mais de lait caillé. Merde, mais si Les Cahiers étaient le lait caillé, qu'était donc Positif ? J'allais m'enquérir de la chose auprès de Chérie, quand le trou... noir, de mémoire. C'est à ce moment là que j'ai dû me réveiller.

19 septembre 2010

Bavard silence

La majorité silencieuse. C'est bien ça le problème. C'est qu'elle est silencieuse et majoritaire. Surtout silencieuse. On peut, on veut, lui faire dire ce que l'on veut. Et comme ce silence trahit son hypocrisie, elle se tait.  Peut-être que Kuleshov, avec son effet, ne disait pas autre chose ? Comme on a voulu nous faire croire que le cinéma était muet. Alors qu'il est une histoire sans parole. Langage des signes. De même la politique, qui n'est que du montage.


17 septembre 2010

Showboy

On connaissait la méthode Verhoeven. Pour imposer son érotisme provocateur à la puritaine Hollywood, tourner délibérément des scènes qui ne passeront pas la censure mais qui permettent dans le lot à d'autres, sacrifiées sans cela, d'échapper aux ciseaux. Et voilà comment la chachatte à Sharon nous fume encore à la gueule. Tourner des scènes plus hards pour que les scènes hards apparaissent plus softs aux censeurs. Verhoeven est un véritable subversif. Sarkozy, qui a dû en parler avec Reno et Clavier, ou Woerth, dont on apprendra certainement demain qu'il prenait de la coke chez Delarue à défaut d'écouter la rue, l'ont bien compris. C'est la méthode utilisée pour faire passer leur réforme sur les retraites. Présenter un projet dont on a déjà préparé les points sur lesquels reculer après la journée de manif massive. La méthode Verhoeven appliquée à la politique. Total subversif le gouvernement Sarkozy. Et il va même encore plus loin. Parce que si le cinéaste l'applique pour nous montrer du cul, le gouvernement français, lui, c'est carrément pour nous enculer.

16 septembre 2010

Unité délitée

La meilleure définition du dernier Stallone, The Expendables, vient du neveu du Professeur Thibaut : Direct to VHS. Tout est dit. Ca renifle les années 80 à plein nez, avec curieusement, une quasi constante référence à Commando (hydravion, dictature insulaire, compagnon d'arme passé à l'ennemi..., jusqu'à la musique). Mais contrairement au John Rambo qui retrouvait l'essence du cinéma d'action 80's, dans le thème et surtout la mise en scène, ici, Stallone tombe dans les travers du marteau-pilon-rétinal. Vu son âge, pour les scènes de fight, on comprends, mais pour la course de bagnoles, fait chier. Marre des courses-poursuites filmées à l'enjoliveur. Rendez-nous Bullit et French connection. Pour le reste, à part Dolph, ils sont tous mauvais comme des cochons, dans une histoire, non, dans un n'importe quoi filmé par un jeune amateur fan d'un cinéma d'action 80's qu'il a découvert l'an dernier dans un vieux carton de vhs rangé au grenier après le départ du grand frère pour la première guerre du Golfe. On s'est quand même bien marré ; sacré Mickey, si tu n'as pas l'Oscar pour ta scène de larme à l'oeil, sûr qu'on la retrouvera rapidement sur Youtube. C'est meilleur pour la postérité.

15 septembre 2010

Encore un mot, en trépassant

Pendant ce temps, en attendant Le Horla de Pollet, avec François on s'amuse à imaginer qui pour faire du Maupassant cinématographique. Chabrol. Trop tard. Si l'on excepte ses trucs télévisés. Corneau. Non c'est une blague. Encore que... Trop tard quand même. Polanski. Trop tard ?.... Dario Argento ? Eh, why not ? Non, trop tard.

Un mot en repassant

Retour de vacances. François et Jean-Paul me tombent dessus. L'un après l'autre, sans s'être consultés. Puis ensemble. C'est quoi ces conneries sur Maupassant ?! Il faut arrêter avec cette fausse idée d'un cinéma incapable de s'emparer de la littérature. Il y a de bonnes et de mauvaises adaptations. Pas une bonne littérature contre un mauvais cinéma. Bien sûr ils ont raison. Même si ce n'était pas mon propos. Et puis Lemtchek ne dit pas la vérité. Il dit sa vérité. Sa vérité du moment. Et à ce moment-là, je ne voyais pas – je ne vois toujours pas – Maupassant au cinéma, autrement que de manière radicale, plutôt expérimentale, tel un plan fixe sur un mur ou un feuillage jouant de variations entre ombre et lumière, comme la magie d'un polaroid se révélant. Bien sûr cela vaut pour la partie fantastique de son oeuvre, tendance Horla. Bien sûr, sur plus de la centaine, j'ai déjà vu des films adaptés de Maupassant, des plus ou moins bien, mais là n'est pas le problème. Le problème, c'est que Jean-Paul s'entête et s'emporte : "Espèce de frelon lubrique, vous pourrez parler de l'adaptation de Maupassant au cinéma quand vous aurez vu Le Horla de Jean-Daniel Pollet ! Si vous réchappez à la camisole, alors, peut-être que l'on pourra faire quelque chose de vous..." Rien à faire, il m'a hanté. Il faut absolument que je voie ce film, un moyen métrage de 1966 avec Laurent Terzieff. Mais pas de film. Pas sur les éditions dvd, pas sur le net. Il faut que je voie ce film. Messieurs les éditeurs, Monsieur POM Films, si vous pouviez faire quelque chose... Une ressortie, un bonus dvd... je prendrais même une vhs timecodée de sous le manteau. Il faut que je voie Le Horla de Jean-Daniel Pollet. C'est une question de vie ou de mort.

31 août 2010

exCitation

Le cinéma s'honore à inventer le silence. 

30 août 2010

ABC

Le cinéma ABC a réouvert. Le cinéma ABC avait déjà réouvert. Il y a environ un an. Une affiche accompagnait alors cette réouverture tant attendue sur la place toulousaine. Le visuel reprenait un plan de North by Northwest, quand Cary Grant est poursuivi par l'avion. Le graphiste avait ajouté une banderole à la queue de l'avion, « le cinéma ABC revient », et, en forme de sous-titre, une phrase prêtée à Cary, « - j'y fonce». Le truc, c'est que le film en français s'intitule La Mort aux trousses et que le visuel utilisé créait un curieux contresens. Dans la célèbre scène Cary fuit l'avion, or, ici, si Cary personnifie le spectateur, l'avion, lui, personnifie le cinéma. Ce qui donne : fuyons, le cinéma ABC est de retour. Ou, l'ABC, le cinéma qui fait fuir ses spectateurs. Et quand on se souvient comment terminait l'avion dans le film, cela donnait une affiche de réouverture en forme de mort annoncée. Une affiche qui sentait carrément le sapin. Et de fait, cette première année de reprise fut difficile pour le mythique cinéma de Toulouse. Les travaux sont enfin terminés et souhaitons lui tout le bonheur que peut espérer un spectateur, tout en se méfiant des jolis visuels aux signifiants trop prononcés.

quand la mort plane

29 août 2010

Citation

"Le cinéma sonore a inventé le silence." 
(Robert Bresson)

18 août 2010

Quand la légende...

On a pu revoir John Ford à la Cinémathèque de Toulouse. C'était en juin principalement. Un cycle placé sous le signe de la légende. Quand la légende devient réalité, on imprime la légende. Le fameux. La légende du cinéma : Ford. La légende fordienne : le cinéma. Mais Ford c'est aussi l'autre légende, celle de l'histoire, américaine, qu'il a imprimée à travers ses histoires. Ou peut-être pas.
On attend toujours Ford sur le terrain révisionniste du cinéma américain et du western classique en particulier, cette conquête de l'Ouest mythique qui est en réalité une guerre d'invasion appuyée par un génocide. Pourtant le cinéma de Ford démystifie bien plus qu'il ne mythifie. Ou plutôt, il mythifie par la démystification, et inversement. Mais jamais son approche du mythe n'a à voir avec la mystification. À la Naissance d'une nation, préférer penser la naissance d'une image de la nation. Ford gratte le vernis des idoles du mythe américain pour donner un portrait de l'homme américain ; une autre légende.
« This is West, sir », dit le journaliste au sénateur James Stewart. « This is West. And when the legend becomes fact, print the legend », dit-il à L'Homme qui tua Liberty Valance. Sauf que le film de Ford, justement, montre que ce n'est pas lui qui tua  Liberty, mais un pauvre inconnu mort dans l'oubli de tous. Le véritable héros n'est pas celui qui est désigné au départ. Ou, comme la scène du duel entre l'avocat et le hors-la-loi nous est montrée deux fois, sous deux angles différents, deux sentiments et significations différents, il faut y regarder à deux fois chez Ford.

13 août 2010

Cave canem

Revu Mad Max. Le 2. Et ça reste un putain de bon western post apo. Une sorte d'Alamo de la crise du pétrole où un quasi convoi de charriots en cercle est assiégé par des iroquois à moteur, cuir et clous. J'aime bien l'idée que le lonesome cowboy, lui-même considéré comme hors la civilisation, doive franchir le siège non pas pour trouver refuge dans la place forte, mais pour pouvoir s'enfuir (besoin de gazoline). C'est sec, sans fioriture, sans sentiment. Il y a bien une fille qui traîne là et on comprend à un échange de mots, puis de regards avec Max, que quelque chose pourrait se passer entre eux. Du moins dans un script normal, attendu, académique. Parce que là, elle a tôt fait de se faire buter, oubliée. Pas de place pour les sentiments, sinon gays du côté des pirates de la route.
Mais le plus frappant finalement, le plus curieux, c'est le côté canin du film. D'abord Max débarque avec un chien. Et puis il y a Lord Humungus qui appelle ses troupes ses chiens de guerre, ses braves chiens, allant jusqu'à tenir en laisse le plus fougueux de tous sur le capot de son dragster de l'enfer. Il y a surtout le gamin muet qui grogne et flaire. Le gamin aux cheveux longs comme une crinière et vêtu d'une peau de bête. Le gamin qui imite le cri du coyote dans la nuit pour permettre à Max de traverser les lignes ennemis. Le gamin qui mord. Le gamin qui prend aux côtés de Max la place du chien après que ce dernier a été tué. Mad Max 2 en fait, c'est pas du tout un scénario "rubrique des chiens écrasés", ni une histoire de chien sans collier contre une meute de chiens enragés. C'est l'histoire, simple, d'un automobiliste qui cherchait une pompe à essence et qui trouve sur le bord de la route un chiot perdu. Et ça fait chaud au bitume en cette période estivale où de coutume les automobilistes abandonnent leur chien sur les bords d'autoroutes.

5 août 2010

Un mot en passant

C'était un dimanche. Je cherchais une bande dessinée à lire sur le canapé. Il n'y avait rien qui me disait. Rien pour aller avec ce dimanche après-midi là. Il faut vraiment que j'enrichisse ma bibliothèque bd, étais-je en train de me dire. Quand je tombais sur deux ouvrages oubliés de Battaglia. Des cadeaux du père Monguy. Battaglia raconte Guy de Maupassant. 1 et 2. Je les ai engloutis. Ou plutôt, ils m'ont englouti. Il fallait que j'aille direct à la source. Hier soir j'ai fini de relire en vrac quelques contes et nouvelles de Maupassant. Du Borges avant l'heure. Du Borges + Flaubert, me répondait tout à l'heure Régis - certainement la meilleure définition. Un certain réalisme magique – paradoxalement - très sud-américain. Et un art certain de la narration, de toucher, à travers de petits détails et sur un récit très court, quelque chose d'impalpable. J'ai fini, hier soir, par Qui sait ?, l'histoire d'un narrateur sain d'esprit qui raconte comment il est allé de son propre gré se reposer dans un asile après avoir vu ses meubles, tous ses meubles, quitter sa maison. L'histoire en quelque sorte d'une possession marquée par une dépossession. J'aime bien cette idée. Et m'interrogeais: la possession (être possédé, par un esprit) ne serait-elle pas plutôt une dépossession ; de la (de sa) raison ? Bref, peu importe. Ce qui m'a frappé ici, à cette lecture, c'est plutôt le caractère faussement cinématographique d'un Maupassant qui en réalité est complètement inadaptable au cinéma. Alors que pourtant, de prime abord, il a tout ce que pourrait espérer un scénariste. Je n'ai pas le souvenir d'avoir jamais vu un film tiré d'une oeuvre de Maupassant, mais, est-ce la faute de Battaglia, c'est une oeuvre que je ne puis désormais imaginer avec des images en mouvement, voire même avec du son. Ou alors un seul plan fixe. Car seule une image fixe peut rendre ce fantastique du quotidien. Ou plutôt, fixer une image. Comme un tableau, jusqu'à qu'il nous délivre un secret. Comme un mur ou un plafond, jusqu'à ce que l'invisible y fasse son apparition.

29 juillet 2010

Or not to.

Predators pour en finir. Il y a quand même une bonne idée. Ce sont les 30 premières secondes. Le personnage est carrément parachuté dans l'histoire. Il se réveille en pleine chute libre, ne comprenant pas ce qui lui arrive, ni où il est, avant de chercher désespérément l'anneau pour déclencher son parachute. Ça c'est une bonne entrée en matière. Le problème c'est que le reste du film est en chute libre et ne parvient pas, lui, à trouver le mécanisme déclencheur de son parachute... Mais n'en parlons plus. On s'est bien marré quand même avec Régis. A posteriori. En repensant à ce pauvre Brody désireux de jouer de son body. Le pauvre semble nager dans ses dix kilos de masse musculaire acquis pour l'occasion. Pourquoi pas un film d'action avec un tel acteur, mais à ce moment-là tu écris le rôle pour lui. Là il est taillé pour Vin Diesel, sans les punchlines qui vont avec. C'est un métier acteur de films bourrins. Et Adrien ne lui arrive pas à la cheville. Quand il gueule « je vais te crever », il semble dire du Shakespeare. Et à la fin, quand il se vêt de boue il endosse le costume d'un Schwarzi trop grand à porter. Dommage, on l'imaginait dans le camp des predators, un campement cheap à la Koh lanta ou à la Lost, ramassant un crâne d'alien et déclamant « To run or not run, that is the question »...

Pour tirer la chasse du comte

Predators encore. Pour tirer La Chasse du comte Zaroff, il eut fallu un peu plus de sadisme. Comme disait Régis, ce qui marchait dans Predator, c'est qu'on ne connaissait pas la bestiole et qu'on était dans la même position que les personnages. On pouvait s'identifier. Ce qui marchait, c'est que l'on glissait du film de guerre type Commando (Predator, finalement, commençait comme un préquel de Commando) au film de SF sans crier gare. Ici, ils veulent nous refaire le coup, sauf que désormais les bestiaux on les connaît bien. Et si la prod avait été maline, c'est à eux qu'elle nous aurait poussés à nous identifier. Désormais si l'on veut que la franchise marche, il faut amener le spectateur à s'identifier au predator et à chasser l'homme à travers le masque de la face de crabe. Chasser, c'est à dire suivre, observer, traquer l'homme avant de le dépecer.

Qu'est-ce que c'est que ce « s » ?

Hier avec Régis on s'est fait Predators à l'UGC. Predators. Avec un « s ». ?. Un « s » parce qu'ils sont trois predators ? Un « s » parce qu'ils chassent non seulement les humains mais aussi d'autres predators ? Oui, on apprend qu'il y a deux castes de predators et que comme l'homme est un loup pour l'homme, le predator l'est pour le predator. Ou un « s » parce que l'homme, qui est aussi un prédateur, pourrait être en passe de devenir un predator. Du moins symboliquement. Ce serait l'idée et elle serait pas mal, sauf qu'elle n'est pas. On y a cru un instant, quand Morpheus fait littéralement son apparition sous une armure de predator qui rend invisible. Enfiler le costume de predator, devenir predator pour lutter contre les predators. C'est à dire devenir invisible. C'eut été intéressant visuellement. Elle est abandonnée avant même d'être née. Tout comme Morpheus, fou buté aussitôt après qu'il a servi au scénario à expliquer le merdier aux personnages. Tout comme toute idée d'ailleurs. Predators est un florilège de ressorts scénaristiques foireux, amenés aux forceps et aussitôt abandonnés :  Tout à coup, Adrian Brody, qui se fait remonter les bretelles par la latina de service, lui lance « tu leur dis ou je m'en charge ? ». Quoi ? Putain, j'ai pas bien compris là. Mais d'où tu sors ça man ? Et elle explique à l'équipe de bras cassés savoir ce que sont les predators en se basant sur le premier du nom. Elle raconte Schwarzi et la boue pour passer inaperçu. Mais ils ne se couvriront pas de boue, sauf Brody pour le final ridicule. Il y a aussi le toubib qui eût pu être le personnage clé par sa couardise, appât ou malin sadique, mais qui se réveille tout à coup grand méchant. Comme ça... Pour pouvoir être décemment sacrifié. What the fuck man. Mais c'est quoi ce truc. Bref, tout le film est malfoutu de la sorte, où chaque scène introduit de force un élément scénaristique qui doit la justifier tout en devenant encombrant pour la suivante. Bref, on s'est mangé le navet de l'été écrit par des boutonneux. Pas une bonne baston. Et du dialogue au kilomètre qui court après son histoire. 80 min qui font 2h30.

26 juillet 2010

Aux chiottes

Aux chiottes, je pissais mon bol du matin. Depuis le poste radio de la cuisine, Utopia parlait dans le micro, expliquait, légitimait, justifiait son boycott d'un film israélien. Je n'entendais pas très bien - mon jet d'urine avec le fond de la cuvette faisait un trop fort bruit de cascade. J'aime bien faire du bruit en pissant. Et puis pour ce qu'a à dire Utopia... Je repensais à Louis Delluc, à ses propos sur la censure, comment c'était déjà... Ah oui, « Ce qui condamne le principe même de la censure, c'est qu'elle ne commet pas une sottise de moins quand elle est exercée par des gens intelligents et lettrés ». Je me disais que plutôt qu'exercer sa sottise sur les films, Utopia ferait mieux d'ouvrir une salle à Gaza où ils projetteraient des films israéliens et une salle à Tel Aviv où ils projetteraient des films palestiniens. Et puis ils pourraient organiser des pique-niques où chacun amènerait qui sa tarte, qui sa quiche, qui son gâteau... Mais attention que du fait maison. Par pitié pas de sous cellophane. Utopia bien-sûr fournirait le café. Et puis je me suis secoué la bite pour faire tomber la dernière goutte. Et j'ai tiré la chasse.

25 juillet 2010

Citation

"Quand je tourne en extérieurs, je sens et je vois les lieux avec une telle violence que lorsque je les revois, on dirait des tombes, totalement mortes.
Il y a des endroits au monde qui pour mes yeux sont des cadavres ; comme j'y ai tourné, ces lieux n'ont plus de raison d'être.
Jean Renoir a dit quelque chose qui me semble faire référence à la même chose. Il a dit : "Nous devons rappeler aux hommes qu'un champ de blé peint par Van Gogh peut être plus passionnant qu'un champ de blé naturel". 
Il est important de comprendre que l'art transcende la réalité. Et que le film offre une autre réalité."
Orson Welles

"L'art, c'est l'homme ajouté à la nature", disait Francis Bacon.
"On ne dit jamais "je serai peintre" devant un beau site, mais devant un beau tableau", aurait confirmé Renoir, l'Auguste.

Boucherie

Pas vraiment satisfait du titre de mon post d'hier. Il avait le mérite d'évoquer la boucle, ce que je cherchais, mais ne me convainquait pas. Tout à l'heure, au réveil d'une petite sieste, j'ai pensé à "Bouche cousue main". Cela aurait peut-être été mieux. Ou, "Bouche cousue. Main", en jouant sur la ponctuation. A voir, à la relecture du texte. Oh et  puis non, on s'en fout. Peu importe. Après tout, ça n'a aucune importance.

24 juillet 2010

Bouche à bouche

Revu, donc, La Bête humaine. Premier plan : gros plan sur la trappe par laquelle on enfourne le charbon dans la chaudière. Une bouche de fonte. Le son du sifflet traverse le plan comme le cri d'une âme aspirée dans l'abîme. Personnification de la machine. Oracle moderne alimenté et servi par des hommes sans plus de langage sinon celui des signes et asservis au rituel, celui du cheminot, filmé de manière réaliste, mais qui dénote déjà quelque chose de liturgique dans le profane. Golems de la machine. La Louison s'enfonce dans un tunnel. Long plan noir ; on attend la lumière pointer au bout du tunnel. La grande messe est lancée à toute vapeur. Ce sera une tragédie. En langage de signes. Les runes sont jetées. Le destin parle par la bouche de la loco. Il est écrit sur les lignes du chemin de fer, comme sur les lignes d'une main. Les mains de Gabin sur le cou de Simone Simon ? En fait c'est à elle que s'attache la fatalité. Elle, la femme fatale. Avec son minois de chatte ; n'est-ce pas elle, la bête humaine ? La femme chat. Elle qui déclenche la tragédie. Mais elle n'est pas encore La Féline qu'en fera Tourneur. Et pour l'heure, de femme fatale, elle est plutôt femme de la fatalité. C'est elle qui l'attire et l'attise. À la fois criminelle et victime. Moins manipulatrice que femme objet entre les mains d'une fatalité bien décidée à s'amuser avec les humains comme avec des marionnettes. Car c'est elle, la fatalité, qui est véritablement personnifiée dans ce film. Elle l'est dans la mise en scène de Renoir. Déifiée, en quelque sorte, véritable démiurge de cette histoire. Et qui joue aussi bien avec nous spectateurs. Pour le premier crime, celui de Granmorin dans le train, les rideaux du wagon sont baissés, la caméra est à l'extérieur, dans le couloir, et on ne verra rien. Pourtant le plan, fixe, sur le compartiment et ses rideaux baissés, durera tout le temps du meurtre. Des rideaux baissés comme des paupières fermées. Pour le deuxième crime, ça se passe dans la chambre. La caméra est dans le salon. Toujours à l'extérieur du lieu de l'action. Mais ce coup-ci la porte est ouverte. Le plan toujours fixe. Position du spectateur. Dans un premier temps l'action se déroule hors champ, enfin, hors encadrement de la porte, et on se dit que Renoir va nous refaire le coup du train. Mais finalement Simone Simon entre dans le champ où Gabin finira de l'étrangler. Et c'est à travers cet encadrement de porte que l'on suivra l'action, comme à travers les doigts d'une main posée sur nos yeux... C'est la fatalité qui nous raconte cette histoire tout en nous renvoyant constamment à, et nous maintenant dans, notre position de spectateur. C'est la fatalité qui s'amuse de son histoire et s'amuse de nous avec son histoire. Un peu plus loin, Gabin se jettera de la Louison en marche, après un tunnel, comme une dernière métaphore de la bouche de celle qui nous a raconté cette histoire, et qui aura jusqu'au bout le dernier mot. Le soir, Fred et Aymeric m'ont amené au Recylart où était projeté sous la voie ferrée Jupier's Dance, un documentaire sur la scène musicale de Kinshasa. Je restais bouche bée devant les images de danseurs qui dansent non seulement avec leur corps mais également avec leur bouche. La boucle était bouclée. Et ma bouche bouchée.

23 juillet 2010

Sans titre de transport

Retour de Bruxelles. Vacances. Plongée dans le monde du son, perdu dans le spectre. De l'infrabasse plein l'ouïe. De quoi se nettoyer les mirettes. De la db et du potard, et vas-y que je t'envoie du sinus. Un voyage dans le bas du spectre. Fred, Aymeric, Niko, de l'Angström, De Tapol au Solar Skeleton, virée chez les toulousains belgés. Quelque chose comme une virée du côté du Bruit du son du feu Seb. Et il ne m'étonnerait pas que le master GDZ ait joué les entremetteurs depuis son au-delà. Bruxelles, direct sur la carte son. Le Nova était fermé pour cause de PleinOPENair. Mais j'ai pu croiser ses propagitateurs à la compilothèque (drôle de lieu alterno sur les quais de Bruxelles, où l'on peut déposer et emprunter des compilations faites maison). Suis passé à la Cinematek. Me suis fait le premier film qui passait, histoire de jeter un oeil à la salle. Ce fut La Bête humaine, salle Ledoux. Fauteuils trop raides et pente trop importante, carrément gradinée. Trop. Pas encore trouvé d'équivalent à l'écran de La Cinémathèque de Toulouse avec sa toile carrée, parfaite pour le muet ou le 1.37 - il faut une fois dans sa vie avoir vu un film sur l'écran de La Cinémathèque de Toulouse. Bref, bel espace tout de même que celui de la Cinematek avec un passage vers le Bozar. Je m'y suis perdu, dans les couloirs et les salles vides, seul au milieu d'une superbe expo photos de Roger Ballen. Enivré par l'écho de mes pas perdus, troublé par les mises en scène picturales du photographe. Dehors l'orage faisait rage. Je rentrais chez Fred et Aymeric. En tram. Sans billet.

7 juillet 2010

citation


Peter Bogdanovich : "Aimes-tu 2001, l'odyssée de l'espace ?

Orson Welles : "Je suis sûr que cela me plairait."

Bogdanovich : "Tu n'iras jamais le voir."

Welles : "Si... quand on sortira une version courte. Je ne reste jamais plus de deux heures dans un fauteuil de cinéma."

5 juillet 2010

L'Agence tous risques, c'est vraiment...

Hannibal n'a pas de plan. C'est Futé qui s'y colle. Futé raconte son plan. Un tour de passe passe. Le coup des trois gobelets et de la bille. Hop là, hop là... Et elle est où la bibille ? Illusion, diversion, division et on attrape le gogo, nous dit-il. Le truc, c'est qu'ils le font pour de vrai. Avec des containers et une grue. Hop là, hop là... Le truc, c'est qu'ils le font pour de vrai avec le cinéma. L'Agence tous risques, c'est vraiment la définition du cinéma hollywoodien d'action du moment. Illusion, diversion, division. Et on attrape le spectateur. C'est la définition, énoncée et mise en pratique, de ce syndrome de l'action marteau-pilon-rétinal à la vas-y que je te défonce la rétine comme Rocco un cul. Le mouvement pour créer l'illusion - tu bouges les yeux (ou plutôt, on te fait bouger les yeux) dans tous les sens mais t'as rien vu. On ne te montre rien. Je n'aime pas ce syndrome, mais j'aime bien l'idée qu'un réalisateur annonce la couleur par la voie de son personnage. Au fond, L'Agence tous risques est un film qui parle de cinéma. Le plan de Futé, c'est celui du cinéma. Avec sa métaphore sur le coup des gobelets, il parle du cinéma. C'est le plan au cinéma. Bien sûr le plan ne marche pas et il faudra(it) improviser. Il faut laisser la porte du plateau ouverte, disait Renoir, pour permettre à l'imprévu d'entrer. J'imagine son fantôme rôder sur le plateau et lâcher à la fin d'un plan : "j'adore qu'un plan se déroule sans accroc".

3 juillet 2010

syndrome du marteau pilon réti(a)nal

Agence tous risques encore. Un pop-corn movie, on en attendait pas davantage. Mais putain que le cinéma d'action actuel fait chier avec son syndrome de l'action marteau-pilon-rétinal. Plans ultra serrés et ultra cuts. Plus moyen de voir une scène de baston en plan moyen. Dès qu'il y a action, désormais, la caméra resserre son cadre et chope la tremblote. Montage épileptique. Ah ça, on sent l'impression de l'action. On y est au coeur. Dans le shaker. Mais le grand huit en stroboscope, c'est pas ce qu'il y de meilleur pour le regard.
Aujourd'hui on filme l'action comme le cul. Le cadre s'est réduit comme dans les films de cul, au point d'en devenir abstrait. Avec la différence, néanmoins, que dans un film de cul le plan dure plus longtemps, et, putain, il est fixe. Ce qui me ferait dire que comparé au cinéma d'action, le porno est durasien. Mais qui sait, peut-être que prochainement un type poussera l'effet jusqu'au bout et nous proposera une scène de baston ou d'action complètement vrillée, de près de 10 minutes, virée cinéma expérimental, et complètement assumée, jusqu'à gratter la pellicule. Comme dans ce Star Treck turc où pour la téléportation, ou les rayons laser, on grattait directement la pelloche... Ah mais merde, c'est vrai que le cinéma ne se fera bientôt plus sur pellicule.

2 juillet 2010

L'agence tous risque, c'est...

vu l'Agence tous risques - en VF, pour retrouver le "j'adore qu'un plan se déroule sans accroc" de mon enfance. Il y était bien. L'enfance, plus vraiment.
Le fameux camion de Barracuda se fait dézinguer d'emblée. Il était un symbole de la série, le foyer du team. On est ailleurs. On est dans le "begins". Avant que le team ne soit mis hors la loi. Barracuda, dans une crise de foi, se laisse pousser les cheveux avant de retrouver son irokoise. On est dans le bégaiement.
L'Irak remplace le Vietnam et c'est la CIA qui charge plutôt que les MP. Le tout me semble pourtant moins corrosif que la série. Moins jouissif surtout. Trop de moyens. Trop de technologie. Il manque LA scène où Barracuda construit un tank avec une scie à métaux, un chalumeau et un tracteur rouillé, au fond d'une grange. A un moment, un perso demande un stylo. Un autre lui répond qu'à notre époque plus personne ne se sert de stylo. C'est peut-être ça le problème. Trop de technologie aujourd'hui pour ce type de série des années 80. Peut-être K 2000 s'en tirerait bien, vu qu'à l'époque la technologie revendiquée n'était pas à la hauteur des effets spéciaux d'alors. Pour Mac Guiver en revanche, ça risque d'être compliqué de démarrer un iphone avec un trombone, même si le postulat écolo de cette série pourrait être tout à fait bankable.
Je me dis qu'à force de faire des films à partir de séries télé, surtout celles des 70's, 80's, l'adaptation ne va plus être suffisante et il va falloir envisager la reconstitution.

1 juillet 2010

Rohmer, Tintin : même combat

Je parlais de La Campagne de Cicéron à François, devant un tartare de sa cantine du vendredi midi. Je lui disais combien le film de Jacques Davila m'avait surpris. Son humour. Son décalage. Un film que l'on croirait sorti des années 70 par sa forme, empreint des années 80 par les vêtements et les coupes des comédiens, mais sorti en salle en 1990. Quelque chose de rohmérien (sans son rapport pédophile à la jeunesse) avec l'humour d'un Guiraudie ou d'un Moullet. 
Il y a ce haut parleur municipal qui scande en voix off de ses messages à caractère informatif les hauts moments de la journée du petit village de l'Hérault où se déroule l'action. Allo, allo, la coiffeuse sera sur la place de la mairie à 14h. Il y a ce noyé qui n'en est pas un et qui traverse le champ, en l'occurrence un trou d'eau, lesté d'une grosse pierre ; comme la femme à la bûche de Lynch.
J'expliquais à François avoir noté au moins à trois reprises des références à Tintin, la fusée de On a marché sur la Lune posée sur une étagère, la jupe de Sabine Haudepin aux motifs BD, les tranches de trois albums de Tintin posés au premier plan sur une table de nuit. Je me demande ce que cela vient faire là et si ça veut dire quelque chose. Peut-être est-ce seulement une private joke ? François me lâche alors que Rohmer et Tintin, c'est la même chose. Tintin et Rohmer : même combat. Je reste interdit. Le cadre, simple, à l'essentiel, et du blabla, trop d'écrit. Putain, c'est que c'est pas con son truc. Il me donne envie de revoir du Rohmer. J'achète Le Secret de la Licorne et Le Trésor de Rakham le Rouge, tout excité, quasi comme un gosse. Comme quand j'étais gosse, féru d'histoires d'aventures. Je me fais un dimanche après-midi Hergé. Putain je suis pas près de revoir un film de Rohmer. 

Aux chiottes - le retour

"Je voudrais être une poulette. Même élevée en batterie dans un horrible hangar au milieu de milliers de consoeurs tout aussi caquetantes que moi, même si je dois manger du maïs OGM qui me rendrait obèse...", commence ainsi la présentation de Fantastic Mr Fox dans la gazette Utopia. Fantastique cette gazette. Le cinéma pour elle est avant tout une question de grain. Deux sortes de spectateurs : le bouffeur de maïs OGM, comprendre le spectateur pop-corn, et le faucheur volontaire. Vous ne viendrez pas chez nous par hasard nous dit la gazette Utopia. La cinéphilie chez Utopia, c'est aimer et défendre le grain, pas celui de la pelloche ; le maïs. C'est formidable Utopia. C'est l'exploitant de cinéma qui a pris au pied de la lettre le "champ / contre-champ" ; qui se prend pour un exploitant agricole. C'est l'exploitant avec qui boire du gros rouge qui tache comme du petit lait. On peut y aller avec ses gros sabots. On avait Agnès B aime le cinéma. Maintenant, on a Utopia aime le maïs.


PS : Régis va même jusqu'à filer la métaphore utopienne : (spectateur) faucheur contre (spectateur) facho. Il n'a certainement pas tort.

Avatar 4

Soit Avatar s'adresse à - et magnifie - une génération qui préfèrerait vivre dans le virtuel plutôt que d'affronter la réalité. En gros, une génération « Second Life » ; encore que comme tout buzz, on n'en entend plus parler. Peut-être jusqu'aux prochaines élections.
Soit Cameron affirme, de façon prophétique (?), la victoire et la suprématie de la 3D sur le « cinéma traditionnel ». Jake Sully qui devient son avatar, c'est le cinéma traditionnel, handicapé, diminué, qui retrouve des couleurs, une nouvelle vitalité, en optant pour la carte de la 3D et du virtuel. Mais la narration d'Avatar, toute épique qu'elle soit, est des plus traditionnelles. Il n'apporte rien au langage cinématographique. Et ce ne serait qu'une révolution de surface qui n'a rien à voir avec le passage du muet au parlant.
Alors ce serait l'avènement d'une 3D qui sauverait le cinéma d'internet et du téléchargement, comme le cinémascope fut dans un autre temps la réponse des studios au danger que représentait la télé.

Avatar 2

Cameron dans son Avatar invente un monde une végétation, une faune, une nature. Il la filme comme un documentaire sur les beautés de la planète tels que c'est la mode depuis quelques années. On pense à ses docus sous-marins de ces dernières années, Le Fantôme du Titanic, Aliens of the Deep. La lumière est superbe, on a l'impression de nager au fond des océans. Mais ses images aussi virtuoses soient elles sont accompagnées d'une musique insupportable. Dans les bandes annonces qui précédaient la projo se trouvait d'ailleurs celle de Océan...Effet de cause à conséquence, on se retrouve face à de belles images, insolites et virtuoses, d'un monde virtuel, des images lisses, papier glacé, froides malgré la chaleur des couleurs. Et on pense à Terence Malick et à Miyasaki, à leur manière quasi animiste de filmer la nature chacun dans leur domaine.

Avatar 3

Film générationnel, écrivais-je. Je pensais à Matrix. Je n'en démords pas. En même temps c'est tout le contraire. Matrix disait : ton monde est virtuel, débranche-toi, la réalité est ailleurs. Avatar, comme son titre l'indique, nous raconte une transformation, l'histoire d'un type, handicapé, inadapté à la vie humaine, qui va, à travers le contrôle d'un avatar, devenir un véritable héros dans un monde extraterrestre et finir par incarner complètement celui-ci en décidant d'abandonner son enveloppe corporelle. Réincarnation et blablabla, le truc pourrait être un délire hindouiste. C'est une ode au virtuel. C'est l'histoire d'un type qui trouve que son monde n'est pas beau et décide de vivre dans un autre. Ton monde est pourri, branche-toi, le virtuel sera ta réalité. C'est le geek qui, plutôt que de mener le combat écologique dans la réalité, s'oppose aux multinationales qui dévastent le monde à travers son avatar, virtuellement, devant sa console de jeu (en l'occurrence, une sorte de cercueil à UV). La scène de fight final est filmée comme un fight de jeu vidéo. On est loin de Terminator. Dans Terminator d'ailleurs, une machine du futur camouflait son exo-squelette d'acier sous une enveloppe humaine factice. Ici l'équivalent pour le fight final est un homme dans un exo-squelette. Les donnes dont inversées.

aux chiottes

Aux chiottes, je parcourais la gazette d'Utopia et tombais sur Kiss me deadly. En quatrième vitesse je m'enquerrais de ce que pouvait bien en dire le rédacteur. Rien sinon une ligne tout de même pour souligner "le roman médiocre commis par le facho Mickey Spillane" et vite, comme à l'accoutumée, je raconte le film. La gazette d'Utopia, c'est le "si vous avez manqué le début" des Télé 7 jours de quand on était gosse – un comble tout de même pour un cinéma qui se targue de commencer à l'heure. Rien de tel que raconter l'histoire d'un film pour ne pas en parler ; du film. Ce qui travaille le dit rédacteur ici, c'est le final ; "(par pitié ne le racontez pas à vos copains ou copines)" nous assène-t-il au détour d'une parenthèse péremptoire dont la gazette s'est faite spécialiste. Il n'a pourtant qu'une envie, c'est nous le dévoiler ce final "absolument imprévisible". Et il nous glissera malgré son propre avertissement quelques suggestions irrépressibles, "jusqu'au dernier plan, le plus cauchemardesque de tous..." et "même si à la fin, la lumière vient. Et quelle lumière ! Mais chut...". 
Je ne peux m'empêcher d'avoir une pensée pour ce pauvre rédacteur tiraillé par ce désir de raconter ce que lui même s'est (nous a) interdit de dire. Quelle frustration. Je ne peux m'empêcher aussi de penser à ceux qui ne connaîtraient pas le film et ne le regarderont de son fait que dans l'impatience du final, quand un film - celui-ci, mais tous en général - ne peut se réduire à son final. 

Il faudra bien comprendre un jour qu'un film ne se résume pas à son synopsis et que l'on peut très bien en révéler la fin sans en briser la magie ni altérer le plaisir à le regarder, voire de le revoir. Miser sur la surprise serait envisager un film que comme un produit jetable, un kleenex. 

30 juin 2010

Avatar

Vu Avatar le 4 janvier 2010.
Curieux de la 3D relief, je n'avais encore vu aucun film récent tenant de ce procédé.
Certainement un film important. Peut-être générationnel ; à la manière de Matrix (dix ans déjà - une génération au cinéma).
Cameron a planté le décor (la 3D), un décor (Pandora) ; reste à écrire l'histoire, à y inscrire une histoire. Parce que sa resucée de Pocahontas écolo n'est pas ce que l'on peut appeler une histoire originale. Pourtant le film semble d'ores et déjà inscrit dans l'histoire. Pour la 3D. Et pas forcément où on l'attendait. Ce ne sont pas tant les plans d'ensemble, qui en pareil cas se doivent d'être spectaculaires, qui impressionnent, mais plutôt les plans plus simples, dans des lieux confinés, les champs contre champs basiques, les plans fixes quand le perso principal enregistre son journal, qui donnent tout l'intérêt à cette fameuse 3D et la rendent véritablement révolutionnaire. On croirait que Cameron a inventé le spectaculaire de demain, il a ouvert la voie au film intimiste en 3D. Et on se met à espérer un Rohmer (trop tard) ou pourquoi pas un Doillon en 3D, voire surtout un Godard qui saurait pousser le procédé dans ses derniers retranchements. Ah que JLG n'ait pu faire son Film Socialisme en 3D à coups de plusieurs millions de dollars...