ou le ciné m'a tuer

La bataille avait été rude et il fallait déjà repartir. Merrill inspectait ses maraudeurs. On était chez Fuller, avec ses Merrill's Marauders. Le général Merrill mâchouillait sa pipe mal embouchée, toujours à la recherche du prochain pas. Il passait en revue ses hommes épuisés. L'un agonisait, délirait. "Est-ce que Lemtchek s'en est tiré ? Je l'ai vu tomber. Est-ce que Lemtchek s'en est tiré ?", expirait-il en agrippant le bras du général, les yeux fous. Et il est mort. "Est-ce que Lemtchek s'en est tiré ?" demanda le général. "C'était lui Lemtchek", lui répondit un de ses camarades.
Remplacer Lemtchek par cinéma.



29 octobre 2010

Beurre de cacachouette


Je regarde Kurt Russell jouer Elvis et je vois l'acteur que le King n'a jamais été. Non pas que Kurt soit le king plus vrai que nature, mais parce que ses qualités de jeu rappellent les défauts de celui d'Elvis. Presley était une bête de scène, le roi sur scène. Il paraît toujours emprunté quand il joue une scène. Pataud comme un chiot de cirque à qui l'on vient d'apprendre un tour. Le seul défaut de Kurt, c'est de ne pas jouer cette maladresse qui tient de l'embarras devant la caméra. Russell a enfilé le costume de scène du King, sa gestuelle, son dynamisme, son assurance. Le King de cinéma que l'on connaît est fragile, incertain, craintif. Le chanteur ou le chanteur à qui l'on demande de faire l'acteur ? Lequel des deux pour incarner véritablement le King au cinéma ?

27 octobre 2010

Quand la merde

Je n'arrête pas de tourner autour du pot au Ford mais n'arrive pas à écrire ce que je ne sais pas vouloir écrire. Résultat :

21 octobre 2010

Quand la naissance...

Thursday ce héros. Héros de journalistes. Héros d'une histoire à fantasmer. Son portrait dans la pièce, le tableau représentant sa charge héroïque à Washington : la naissance d'une image de la nation. Une création. Une légende. Cette légende, Ford la dépouille tout le long de son film, ne laissant à l'histoire que l'image d'un officier de salon engoncé dans son incompétence, à cheval sur le règlement, cabré d'arrogance. Le véritable héros de Ford, le héros fordien, c'est John Wayne, l'officier en second, celui qui connaît le terrain, les hommes du fort et les Indiens. Le véritable héros de Ford, le héros fordien, c'est celui qui s'efface devant la légende. C'est le colonel York ici dans Fort Apache, c'est Tom Doniphon dans L'Homme qui tua Liberty Valance. C'est John Wayne dans les deux cas, à presque 15 ans d'écart, dans deux fins très proches. Un homme qui permet la légende, prêt à sacrifier la vérité, du moment qu'elle participe au développement d'un idéal auquel il croit. Ce n'est plus simplement qu'il faille imprimer la légende parce qu'elle serait devenue réalité. C'est imprimer la légende pour qu'elle devienne réalité. Qu'elle soit moteur d'un idéal : Thursday pour la naissance d'une nation, Ransom Stoddard pour la naissance d'une nation civilisée.

19 octobre 2010

Quand le massacre...

Les journalistes sont assis dans son bureau et finissent de prendre notes et thé. Lui, a terminé son topo, leur disant que pour du sensationnel il leur faudra attendre. C'est alors que l'un d'eux se lèvent, tandis que la caméra caresse un tableau représentant Thursday comme on dit brosser un portrait, et caresse le bout du sabre relique comme de Linda Lovelace on attend qu'elle taille une pipe. C'était un grand homme. Il est un héros pour nous. Vous avez vu le tableau de sa charge ?... John Wayne évoque alors cet exemple pour tous qui a su mener ses hommes à la mort et la gloire. Le colonel Thursday, fou militaire ne pensant que discipline et règlement. Officier de cavalerie frustré d'avoir été envoyé dans le désert et bien décidé à revenir à Washington auréolé de gloire. Quitte pour cela à trahir sa parole et provoquer une bataille contre des Apaches convaincus de parlementer. Un type droit dans ses bottes et ses préjugés, raciste envers les Indiens bien sûr, envers les Irlandais de ses hommes aussi. Un héros. Le héros. Thursday, sous les traits de Fonda, c'est Custer, on le sait déjà. Sa gloire c'est Little Big Horn, la défaite militaire ici d'un entêté qui mène ses hommes à la mort pour son seul rêve de gloire, même quand il sent que ce rêve va tourner au cauchemar, au massacre. Un héros. Le héros des guerres indiennes.  John Wayne évoque alors cet exemple pour tous qui a su mener ses hommes à la mort et la gloire. Il contribue et abonde dans le sens d'une légende à laquelle il s'est opposé tout le long du film. Il occupe désormais son bureau, son portrait au mur, et a repris jusqu'à ses attributs (la casquette règlementaire, la tenue de l'uniforme) et ses expressions (« questions gentlemen ? »). Quand la légende...

13 octobre 2010

Bataille des Dardenne

Si le cinéma des Dardenne tient de la boxe, des combats dans un espace délimité, Rosetta est un film de cogneur, Le Fils, lui, adopte le style Muhammad Ali : fausse garde et allonge inattendue, maîtrise de la distance. « Deux corps séparés par quelque chose qu'on ignore. Deux corps attirés par quelque chose qu'on ignore. Des gestes, des mots, des regards qui ne cessent de mesurer la distance qui les sépare en même temps que la puissance qui les rapproche. C'est cela qu'il faudra tenter de mesurer avec notre caméra » notait Luc. La caméra est braquée sur la nuque d'un homme ceinturé. Comme un couperet. La distance entre une caméra couperet et l'homme qui a la tête dans le trou. « Essayez de concevoir, la seconde, que dis-je, le quart de seconde pendant lequel le criminel entend glisser le couperet qui doit le décapiter », écrivait Dostoïevski dans L'Idiot. Ce quart de seconde, le fils le suspend. Ce quart de seconde Le Fils l'étire. Ce quart de seconde est une vie.
Sinon, Jean-Paul me racontait hier un sketch de Collaro du début des années 80 que mon rêve de lait caillé lui avait rappelé. Dans l'entrée d'un cinéma un homme ouvre des huîtres. Je suis l'écailler du cinéma. 

12 octobre 2010

Manifestatation

Ils reviennent. Et ils n'ont toujours pas droit à la retraite

8 octobre 2010

1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9...

Ça claque. Blouse blanche. Bonnet hygiénique. Elle descend les escaliers, remontée. On est derrière, juste derrière. Bientôt on sortira du couloir, et ce sera le ring. On est derrière. Au niveau de la nuque. En position de prédateur. On croit la suivre. En réalité elle nous précède. Les branches qu'elle écarte pour forcer le passage nous reviennent dans la figure. Les portes claquent. Elles nous claquent à la gueule. Qui a dit que Rosetta était un film social ? C'est un film de boxe à main nue. L'histoire d'une lutteuse qui refuse de se coucher. Alors elle serre les poings et encaisse les rounds, rend coup pour coup, autant qu'elle peut, laisse échapper quelques coups bas. On voudrait être arbitre, simple spectateur. On est adversaire. Rosetta ne fait pas de distinction. On ne lui en compte pas. Elle ne veut pas perdre, refuse le KO. Point. L'expression « caméra au poing » n'a jamais été aussi juste. Direct au foie. Souffle coupé. Envie de vomir. La vue tangue. On est sonné. Mais nous non plus on ne veut pas être conté. Nous aussi on veut tenir debout. Est-ce que c'est ça, survivre au cinéma ?

6 octobre 2010

Amuse-toi avec Sarkozy

Les amis Play-listers ont lancé un défi à Lemtchek qu'ils ont eux-mêmes relevé de j'sais pas qui. Donner cinq raisons pour lesquelles Sarkozy ne serait pas réélu en 2012. Quand il ne se meurt pas Lemtcheck aime s'amuser. Aussi, voici ses réponses toutes faites. Mais comme il aime pas les gens, qu'il n'a pas d'ami et qu'il s'agit d'une chaîne, il la rompt.
Sarkozy ne sera pas élu en 2012 parce que :

1 - Effet miroir, un Sarkozy Nicolas se présentera contre Nicolas Sarkozy :



2 - Sa carte d'identité a expiré et il n'a pu justifier de sa nationalité aux autorités compétentes :


3 - John Cleese a refusé de devenir son conseiller ès insulte :


4 - Effet de miroir, il a fini par trop y penser en se rasant :


5 - Mais de toute façon, il sera réélu. Il a subi une opération de changement de sexe pour être la première femme élue présidente de la République Française :

5 octobre 2010

Champ de bataille

... , c'est comme un champ de bataille : l'amour, la haine, la violence, l'action, la mort... En un mot l'émotion.

1 octobre 2010

Oncle Donald

C'était l'été. C'était les vacances. Je lisais Un mal sans remède d'Antonio Caballero pendant que Chérie se bidonnait à la lecture de Dégât des eaux. Un Westlake de la série des Dortmunder. Sur le sable, au pieu, à table, à l'apéro, sous la douche, dans la cuisine, elle gloussait. C'est trop fort, c'est trop con, c'est..., non je te raconte pas, il faut que tu le lises, il y a un film tout fait là-dedans, ils sont vraiment trop forts, ils sont vraiment trop cons... Je me suis empressé de terminer mon mal colombien, ai troqué ma moustache de guérillero contre celle de Mario, et me suis lancé dans la plomberie. Alors, alors ?... C'est clair que l'on a là la matière à un film des frères Coen. Il nous fallait des interprètes et on s'est mis au boulot. On s'est bien battu, on s'est bien marré.

Casting :
 John Dortmunder : John Goodman ou Kurt Russell
Kelp : Steve Buscemi ou Travolta 
 May : Frances McDormand
Tom : Clint Eastwood
Stan : Nicolas Cage
Doug : Owen Wilson
Wally : Jack Black 
Mère de Stan : Gena Rowlands 
Myrtle : Christina Ricci
Mère de Myrtle : Miranda Richardson