ou le ciné m'a tuer

La bataille avait été rude et il fallait déjà repartir. Merrill inspectait ses maraudeurs. On était chez Fuller, avec ses Merrill's Marauders. Le général Merrill mâchouillait sa pipe mal embouchée, toujours à la recherche du prochain pas. Il passait en revue ses hommes épuisés. L'un agonisait, délirait. "Est-ce que Lemtchek s'en est tiré ? Je l'ai vu tomber. Est-ce que Lemtchek s'en est tiré ?", expirait-il en agrippant le bras du général, les yeux fous. Et il est mort. "Est-ce que Lemtchek s'en est tiré ?" demanda le général. "C'était lui Lemtchek", lui répondit un de ses camarades.
Remplacer Lemtchek par cinéma.



19 novembre 2010

Toro Toro Toro

Il est énorme. D'un noir graisseux. Fumant, gouttant, fulminant, Minotaure d'acier levant la poussière d'un désert de feu. Le camion citerne de Duel est un macguffin, comme le grand requin blanc, l'arche perdue, etc. On s'en fout de ce qu'il est vraiment, qu'il ait un chauffeur ou pas ; comme le macguffin hitchcockien, il est là pour faire avancer l'histoire. À cela près que d'habitude, chez Hitchcock comme Spielberg, ce sont les personnages qui se lancent à la recherche du macguffin. Ici, c'est le macguffin qui cherche le personnage. Homme, homme, homme... C'est le macguffin taureau mécanique qui vient agiter la muleta de l'homme. Homme, homme, homme... olé ! Parce que Duel est une corrida. Une corrida inversée. Jusqu'au final, jusqu'à ce que l'homme se décide à jouer son rôle et, dans le dernier face à face, lance sa voiture rouge comme le matador sa muleta pour leurrer l'animal. Mise à mort. C'est dans la mort du camionotaure que l'homme naît. Il s'appelait Mann. Un nom prédestiné.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire