ou le ciné m'a tuer

La bataille avait été rude et il fallait déjà repartir. Merrill inspectait ses maraudeurs. On était chez Fuller, avec ses Merrill's Marauders. Le général Merrill mâchouillait sa pipe mal embouchée, toujours à la recherche du prochain pas. Il passait en revue ses hommes épuisés. L'un agonisait, délirait. "Est-ce que Lemtchek s'en est tiré ? Je l'ai vu tomber. Est-ce que Lemtchek s'en est tiré ?", expirait-il en agrippant le bras du général, les yeux fous. Et il est mort. "Est-ce que Lemtchek s'en est tiré ?" demanda le général. "C'était lui Lemtchek", lui répondit un de ses camarades.
Remplacer Lemtchek par cinéma.



22 décembre 2010

R(IP)ollin

Jean Rollin est mort. Il est temps de sortir le ripolin. Mettre les pendules à l'heure de ses horloges et passer la couche de vernis sur sa dernière comtoise, celle qui sent le sapin. On a pu le rencontrer à Toulouse, à deux reprises grâce à la Cinémathèque et son Extrême Cinéma. Une sorte de dandy popu, érudit et plébéien, un érudit de culture populaire. Un personnage comme hors du temps, d'où peut-être son obsession pour les horloges. Rollin était un hors-temps, un Horla temporel. Un anachronisme. Il faisait du cinéma comme d'avant la naissance du cinéma. Il faisait du cinéma comme le 19e siècle pouvait écrire le romantisme. Rollin, c'était un peu le Barbey d'Aurevilly du cinéma. C'est ce qui donne ce côté un peu désuet à ses films, c'est ce qui fait que son nom continuera de hanter le cinéma français. Son dernier film, du moins la première mouture que l'on avait pu voir à Extrême Cinéma il y a deux ans, tenait quelque chose de rohmerien. Et je suis depuis persuadé que Rollin était le Rohmer du cinéma d'épouvante français.

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