Du coq à l'âne en jouant à saute-mouton, comme les cailloux du Petit Poucet, Les Désemparés m'ont mené à Lola Montes, d'Ophuls à Lang via le scope. Le Cinémascope. Un format, disait le père Lang, « seulement bon pour filmer les enterrements et les serpents ». Max Ophuls l'utilisera pour son dernier film, seul film en couleurs aussi. Son premier et dernier film en scope-couleurs. Un enterrement si l'on veut, mais en rien reptilien. Ophuls joue avec ce format étiré, le brise et le recompose. Avec le cinémascope et son art de disposer un objet devant l'acteur ou entre deux acteurs, brisant le cadre, ou jouant de la même manière avec la profondeur de champ, Ophuls quelque part a inventé le split screen. Se rappeler la scène où Lola se fait servir un verre d'eau sur la droite du plan pendant qu'au fond, occupant la gauche du cadre, sa mère négocie son mariage avec un vieil aristo. Lola est hors champ. Un léger pano et quand la caméra revient sur elle, elle a disparu, en fuite. (je crois me souvenir, scène à revoir pour s'en assurer). Bref, Ophuls, c'est certain, possède l'intuition du split screen. Il fait surtout de cette horizontalité qui déplaît tant à Lang, un vecteur de verticalité, un format aérien, un format d'élévation qui éclaire superbement ce que Claude Beylie appelait le plafond de la chapelle Sixtine du cinéma moderne. Chez Ophuls, le cinémascope est un ascenseur.
25 janvier 2011
Monte Lola, monte
à
08:29
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