ou le ciné m'a tuer

La bataille avait été rude et il fallait déjà repartir. Merrill inspectait ses maraudeurs. On était chez Fuller, avec ses Merrill's Marauders. Le général Merrill mâchouillait sa pipe mal embouchée, toujours à la recherche du prochain pas. Il passait en revue ses hommes épuisés. L'un agonisait, délirait. "Est-ce que Lemtchek s'en est tiré ? Je l'ai vu tomber. Est-ce que Lemtchek s'en est tiré ?", expirait-il en agrippant le bras du général, les yeux fous. Et il est mort. "Est-ce que Lemtchek s'en est tiré ?" demanda le général. "C'était lui Lemtchek", lui répondit un de ses camarades.
Remplacer Lemtchek par cinéma.



30 août 2010

ABC

Le cinéma ABC a réouvert. Le cinéma ABC avait déjà réouvert. Il y a environ un an. Une affiche accompagnait alors cette réouverture tant attendue sur la place toulousaine. Le visuel reprenait un plan de North by Northwest, quand Cary Grant est poursuivi par l'avion. Le graphiste avait ajouté une banderole à la queue de l'avion, « le cinéma ABC revient », et, en forme de sous-titre, une phrase prêtée à Cary, « - j'y fonce». Le truc, c'est que le film en français s'intitule La Mort aux trousses et que le visuel utilisé créait un curieux contresens. Dans la célèbre scène Cary fuit l'avion, or, ici, si Cary personnifie le spectateur, l'avion, lui, personnifie le cinéma. Ce qui donne : fuyons, le cinéma ABC est de retour. Ou, l'ABC, le cinéma qui fait fuir ses spectateurs. Et quand on se souvient comment terminait l'avion dans le film, cela donnait une affiche de réouverture en forme de mort annoncée. Une affiche qui sentait carrément le sapin. Et de fait, cette première année de reprise fut difficile pour le mythique cinéma de Toulouse. Les travaux sont enfin terminés et souhaitons lui tout le bonheur que peut espérer un spectateur, tout en se méfiant des jolis visuels aux signifiants trop prononcés.

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