ou le ciné m'a tuer

La bataille avait été rude et il fallait déjà repartir. Merrill inspectait ses maraudeurs. On était chez Fuller, avec ses Merrill's Marauders. Le général Merrill mâchouillait sa pipe mal embouchée, toujours à la recherche du prochain pas. Il passait en revue ses hommes épuisés. L'un agonisait, délirait. "Est-ce que Lemtchek s'en est tiré ? Je l'ai vu tomber. Est-ce que Lemtchek s'en est tiré ?", expirait-il en agrippant le bras du général, les yeux fous. Et il est mort. "Est-ce que Lemtchek s'en est tiré ?" demanda le général. "C'était lui Lemtchek", lui répondit un de ses camarades.
Remplacer Lemtchek par cinéma.



21 octobre 2010

Quand la naissance...

Thursday ce héros. Héros de journalistes. Héros d'une histoire à fantasmer. Son portrait dans la pièce, le tableau représentant sa charge héroïque à Washington : la naissance d'une image de la nation. Une création. Une légende. Cette légende, Ford la dépouille tout le long de son film, ne laissant à l'histoire que l'image d'un officier de salon engoncé dans son incompétence, à cheval sur le règlement, cabré d'arrogance. Le véritable héros de Ford, le héros fordien, c'est John Wayne, l'officier en second, celui qui connaît le terrain, les hommes du fort et les Indiens. Le véritable héros de Ford, le héros fordien, c'est celui qui s'efface devant la légende. C'est le colonel York ici dans Fort Apache, c'est Tom Doniphon dans L'Homme qui tua Liberty Valance. C'est John Wayne dans les deux cas, à presque 15 ans d'écart, dans deux fins très proches. Un homme qui permet la légende, prêt à sacrifier la vérité, du moment qu'elle participe au développement d'un idéal auquel il croit. Ce n'est plus simplement qu'il faille imprimer la légende parce qu'elle serait devenue réalité. C'est imprimer la légende pour qu'elle devienne réalité. Qu'elle soit moteur d'un idéal : Thursday pour la naissance d'une nation, Ransom Stoddard pour la naissance d'une nation civilisée.

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