ou le ciné m'a tuer

La bataille avait été rude et il fallait déjà repartir. Merrill inspectait ses maraudeurs. On était chez Fuller, avec ses Merrill's Marauders. Le général Merrill mâchouillait sa pipe mal embouchée, toujours à la recherche du prochain pas. Il passait en revue ses hommes épuisés. L'un agonisait, délirait. "Est-ce que Lemtchek s'en est tiré ? Je l'ai vu tomber. Est-ce que Lemtchek s'en est tiré ?", expirait-il en agrippant le bras du général, les yeux fous. Et il est mort. "Est-ce que Lemtchek s'en est tiré ?" demanda le général. "C'était lui Lemtchek", lui répondit un de ses camarades.
Remplacer Lemtchek par cinéma.



26 juillet 2010

Aux chiottes

Aux chiottes, je pissais mon bol du matin. Depuis le poste radio de la cuisine, Utopia parlait dans le micro, expliquait, légitimait, justifiait son boycott d'un film israélien. Je n'entendais pas très bien - mon jet d'urine avec le fond de la cuvette faisait un trop fort bruit de cascade. J'aime bien faire du bruit en pissant. Et puis pour ce qu'a à dire Utopia... Je repensais à Louis Delluc, à ses propos sur la censure, comment c'était déjà... Ah oui, « Ce qui condamne le principe même de la censure, c'est qu'elle ne commet pas une sottise de moins quand elle est exercée par des gens intelligents et lettrés ». Je me disais que plutôt qu'exercer sa sottise sur les films, Utopia ferait mieux d'ouvrir une salle à Gaza où ils projetteraient des films israéliens et une salle à Tel Aviv où ils projetteraient des films palestiniens. Et puis ils pourraient organiser des pique-niques où chacun amènerait qui sa tarte, qui sa quiche, qui son gâteau... Mais attention que du fait maison. Par pitié pas de sous cellophane. Utopia bien-sûr fournirait le café. Et puis je me suis secoué la bite pour faire tomber la dernière goutte. Et j'ai tiré la chasse.