ou le ciné m'a tuer

La bataille avait été rude et il fallait déjà repartir. Merrill inspectait ses maraudeurs. On était chez Fuller, avec ses Merrill's Marauders. Le général Merrill mâchouillait sa pipe mal embouchée, toujours à la recherche du prochain pas. Il passait en revue ses hommes épuisés. L'un agonisait, délirait. "Est-ce que Lemtchek s'en est tiré ? Je l'ai vu tomber. Est-ce que Lemtchek s'en est tiré ?", expirait-il en agrippant le bras du général, les yeux fous. Et il est mort. "Est-ce que Lemtchek s'en est tiré ?" demanda le général. "C'était lui Lemtchek", lui répondit un de ses camarades.
Remplacer Lemtchek par cinéma.



5 juillet 2010

L'Agence tous risques, c'est vraiment...

Hannibal n'a pas de plan. C'est Futé qui s'y colle. Futé raconte son plan. Un tour de passe passe. Le coup des trois gobelets et de la bille. Hop là, hop là... Et elle est où la bibille ? Illusion, diversion, division et on attrape le gogo, nous dit-il. Le truc, c'est qu'ils le font pour de vrai. Avec des containers et une grue. Hop là, hop là... Le truc, c'est qu'ils le font pour de vrai avec le cinéma. L'Agence tous risques, c'est vraiment la définition du cinéma hollywoodien d'action du moment. Illusion, diversion, division. Et on attrape le spectateur. C'est la définition, énoncée et mise en pratique, de ce syndrome de l'action marteau-pilon-rétinal à la vas-y que je te défonce la rétine comme Rocco un cul. Le mouvement pour créer l'illusion - tu bouges les yeux (ou plutôt, on te fait bouger les yeux) dans tous les sens mais t'as rien vu. On ne te montre rien. Je n'aime pas ce syndrome, mais j'aime bien l'idée qu'un réalisateur annonce la couleur par la voie de son personnage. Au fond, L'Agence tous risques est un film qui parle de cinéma. Le plan de Futé, c'est celui du cinéma. Avec sa métaphore sur le coup des gobelets, il parle du cinéma. C'est le plan au cinéma. Bien sûr le plan ne marche pas et il faudra(it) improviser. Il faut laisser la porte du plateau ouverte, disait Renoir, pour permettre à l'imprévu d'entrer. J'imagine son fantôme rôder sur le plateau et lâcher à la fin d'un plan : "j'adore qu'un plan se déroule sans accroc".