Je parlais de La Campagne de Cicéron à François, devant un tartare de sa cantine du vendredi midi. Je lui disais combien le film de Jacques Davila m'avait surpris. Son humour. Son décalage. Un film que l'on croirait sorti des années 70 par sa forme, empreint des années 80 par les vêtements et les coupes des comédiens, mais sorti en salle en 1990. Quelque chose de rohmérien (sans son rapport pédophile à la jeunesse) avec l'humour d'un Guiraudie ou d'un Moullet.
Il y a ce haut parleur municipal qui scande en voix off de ses messages à caractère informatif les hauts moments de la journée du petit village de l'Hérault où se déroule l'action. Allo, allo, la coiffeuse sera sur la place de la mairie à 14h. Il y a ce noyé qui n'en est pas un et qui traverse le champ, en l'occurrence un trou d'eau, lesté d'une grosse pierre ; comme la femme à la bûche de Lynch.
J'expliquais à François avoir noté au moins à trois reprises des références à Tintin, la fusée de On a marché sur la Lune posée sur une étagère, la jupe de Sabine Haudepin aux motifs BD, les tranches de trois albums de Tintin posés au premier plan sur une table de nuit. Je me demande ce que cela vient faire là et si ça veut dire quelque chose. Peut-être est-ce seulement une private joke ? François me lâche alors que Rohmer et Tintin, c'est la même chose. Tintin et Rohmer : même combat. Je reste interdit. Le cadre, simple, à l'essentiel, et du blabla, trop d'écrit. Putain, c'est que c'est pas con son truc. Il me donne envie de revoir du Rohmer. J'achète Le Secret de la Licorne et Le Trésor de Rakham le Rouge, tout excité, quasi comme un gosse. Comme quand j'étais gosse, féru d'histoires d'aventures. Je me fais un dimanche après-midi Hergé. Putain je suis pas près de revoir un film de Rohmer.