ou le ciné m'a tuer

La bataille avait été rude et il fallait déjà repartir. Merrill inspectait ses maraudeurs. On était chez Fuller, avec ses Merrill's Marauders. Le général Merrill mâchouillait sa pipe mal embouchée, toujours à la recherche du prochain pas. Il passait en revue ses hommes épuisés. L'un agonisait, délirait. "Est-ce que Lemtchek s'en est tiré ? Je l'ai vu tomber. Est-ce que Lemtchek s'en est tiré ?", expirait-il en agrippant le bras du général, les yeux fous. Et il est mort. "Est-ce que Lemtchek s'en est tiré ?" demanda le général. "C'était lui Lemtchek", lui répondit un de ses camarades.
Remplacer Lemtchek par cinéma.



3 juillet 2010

syndrome du marteau pilon réti(a)nal

Agence tous risques encore. Un pop-corn movie, on en attendait pas davantage. Mais putain que le cinéma d'action actuel fait chier avec son syndrome de l'action marteau-pilon-rétinal. Plans ultra serrés et ultra cuts. Plus moyen de voir une scène de baston en plan moyen. Dès qu'il y a action, désormais, la caméra resserre son cadre et chope la tremblote. Montage épileptique. Ah ça, on sent l'impression de l'action. On y est au coeur. Dans le shaker. Mais le grand huit en stroboscope, c'est pas ce qu'il y de meilleur pour le regard.
Aujourd'hui on filme l'action comme le cul. Le cadre s'est réduit comme dans les films de cul, au point d'en devenir abstrait. Avec la différence, néanmoins, que dans un film de cul le plan dure plus longtemps, et, putain, il est fixe. Ce qui me ferait dire que comparé au cinéma d'action, le porno est durasien. Mais qui sait, peut-être que prochainement un type poussera l'effet jusqu'au bout et nous proposera une scène de baston ou d'action complètement vrillée, de près de 10 minutes, virée cinéma expérimental, et complètement assumée, jusqu'à gratter la pellicule. Comme dans ce Star Treck turc où pour la téléportation, ou les rayons laser, on grattait directement la pelloche... Ah mais merde, c'est vrai que le cinéma ne se fera bientôt plus sur pellicule.